_svg.png){kind=logo}
Dans le milieu de l'intervention en toxicomanie, ainsi que dans les fraternités anonymes, la notion d'ivresse mentale est fréquemment mentionnée. Mais de quoi s'agit-il au juste?
L'ivresse mentale est un état d'intoxication causé par une accumulation d'émotions négatives.
La notion d'ivresse est généralement associée à l'alcool. Larousse la définit comme un état d'excitation euphorique, avec troubles perceptifs, incoordination des mouvements, troubles de l'élocution et parfois libération de l'agressivité.
L'ivresse mentale se rapproche énormément de cette définition, avec l'euphorie en moins. Une personne en ivresse mentale peut expérimenter des troubles perceptifs, de l'incoordination de mouvements, des troubles d'élocution et parfois de la libération d'agressivité. Et soyez assuré qu'elle vous assommera autant que l'alcool.
L'accumulation d'émotions telles que la peur, la tristesse, la colère est suffisante pour causer cet état. Des traits de caractère tels que le ressentiment, l'orgueil, l'apitoiement, l'égocentrisme sont souvent sous-jacents à ces émotions.
En rétablissement des dépendances, cet état est fréquemment expérimenté. Le sevrage en est souvent la cause première. Les personnes dépendantes aux psychotropes qui cessent de consommer sont confrontées à ce phénomène. Les symptômes observés pendant le sevrage sont souvent opposés à ceux observés en cas d'intoxication avec la substance. L'irritabilité, l'anxiété, l'insomnie sont les symptômes les plus courants, le tout accompagné d'une faible tolérance au stress. Chez les personnes aux prises avec la toxicomanie, l'ivresse mentale est souvent le prélude à une rechute (retour à la consommation).
Toutefois, même une fois la période de sevrage passée, les personnes aux prises avec la toxicomanie (manie du toxique) peuvent expérimenter l'ivresse mentale. C'est souvent le résultat d'une personne qui cherche à être abstinente sans s'engager de façon consistante dans des activités de rétablissement. Ces personnes mettent l'accent sur "arrêter de consommer" plutôt que sur "commencer à se rétablir". On dit qu'une personne aux prises avec la toxicomanie qui cesse de consommer n'aura réglé que 15% de son problème. Le 85% restant concerne ses traits de caractère et sa façon globale de composer avec la vie elle-même. La nature même de la dépendance nous permet de comprendre que cette maladie multi factorielle requiert beaucoup plus que l'abstinence pour permettre le retour à une vie normale.
Dans les fraternités anonymes, les Douze Étapes sont la base pour développer une manière de vivre où la sobriété et la sérénité seront l'enjeu principal. Au moyen de ce simple mode de vie, des millions de personnes aux prises avec la toxicomanie se rétablissent un peu partout dans le monde et ce, depuis plus de 80 ans.
La gestion du mental fait définitivement partie de la panoplie d'outils avec lesquels une personne aux prises avec la toxicomanie a intérêt à se familiariser. La capacité de gérer et calmer son mental permettra d'échapper à l'ivresse mentale ainsi qu'à l'éventuelle rechute qui risque de s'en suivre.
Parmi les différentes approches et outils qui existent pour apprendre à gérer son mental, j'ai un faible pour la méthode Vittoz.
Le Dr Roger Vittoz (1863-1925), était un contemporain de Freud et l'un des premiers. psychosomaticien. Vittoz parlait de "psychonévrose" et la description qu'il en fait ressemble étrangement à de l'ivresse mentale: pensées circulaires, émotions en tourbillon. La mise en pratique quotidienne de cette méthode toute simple a d'énormes bienfaits et constitue une excellente réponse à l'ivresse mentale.
Je vous en parle dans la vidéo suivante que j'ai faite l'hiver dernier.
Si l'ivresse mentale est un problème dans votre vie, je vous invite à communiquer avec moi afin d'en discuter. Souvenez-vous que la sérénité et la paix de l'esprit sont l'état normal dans lequel nous avons tous le droit de vivre.
Pierre Eugène Rioux, psychosociologue
Spécialisé en gestion du rétablissement des dépendances.